Un clown a été détenu près de cinq heures, pour « flânage », à Sherbrooke, une arrestation préventive, lors de la manifestation contre la hausse des frais de scolarité du 4 avril 2012. Il n’a pas encore compris pourquoi.

Alors qu’il attendait des ami-es au carrés rouges, à l’intersection King Belvédère, trois policiers en civil du SPS, lui ont demandé son identité.

« Donne ton nom et on te laissera partir, sinon on te mettra en état d’arrestation ».

Le clown obéit et donne son nom, sa date de naissance, son adresse et le numéro de téléphone pour confirmer tout cela. Pas de problème.

Sauf que le clown il a découvert les menottes par surprise. La police de Sherbrooke est si efficace qu’en quelques mouvements le clown disparaissait dans une voiture qui roule très vite. Quand il a demandé pourquoi il était en état d arrestation, on lui a dit « pour flânage », arrivé au poste de police ils parlaient de « tumulte ». C’est vrai que cela fait plus peur, mais rien de grave la peur ça marche que si l’on y croit.

La police, elle, aurait dit aux journalistes qu’il avait été « arrêté parce qu’ il s’amusait sur la voie publique et représentait un danger pour lui-même ». Pour s’occuper en cellule il a pu se fabriquer des balles de jonglage avec du papier et de l’eau, le temps semblait moins long.

Comme il s’amusait encore trop on lui a pris ses balles de fortune, son pantalon ses chaussettes et son tee-shirt. Alors le clown a attendu en bobette et en silence la fin de la manifestation, mais dans une nouvelle salle « à l’isolement ».

L’isolement c’est une autre pièce ou il était tout seul aussi, mais sans toilette ni eau potable, ni siège, ni banquette. Il y a juste une caméra et un intercom doublement inaccessible. D’abord parce que tout est écrit en anglais dessus et aussi parce qu’il se trouve à 10 pieds au-dessus du sol, collé au plafond sans moyen d’atteindre le bouton.

Après la fin de la manifestation, un nouveau policier, celui qui jouait au jeu du gentil a appelé le numéro de téléphone qui avait été donné au début. Une fois l’identité confirmée le clown a eu le droit de s’habiller et de partir.

D’après le policier gentil, la vraie raison pour laquelle il a passé la manifestation au poste c’est parce qu’ on avait pas le nom du clown dans les fichiers. Ce nom aurait dû y être depuis « la fin du bonheur au carrefour de l’Estrie », car ce clown est l’un de celles et ceux qui paient leurs amendes même quand elles sont absurdes.

http://www.cyberpresse.ca/la-tribune/sherbrooke/201201/12/01-4485267-les-clowns-du-bonheur-payent-leur-contravention.php

Cette lacune dans les fichiers de police vient-elle d’une grève surprise des agents du SPS ou est-elle le constat de l’échec de la formation en technique policière du CEGEP de Sherbrooke ?

Le clown devrait recevoir ses tickets par la malle, le motif d’arrestation définitif personne ne pouvait lui expliquer. Après sa sortie il a appris que la police pensait qu’il était un danger pour lui-même. Elle le laisse dehors sans soutien psychologique et lui commence à se demander si au SPS il n’y a pas des personnes qui représentent un danger pour les autres.

Un clown libre de l'Eskouad Gamma

PS : Aux personnes qui ont pu rejoindre la manifestation, j’espère que vous aussi vous êtres bien amusées et que notre député a eu le courage de venir vous rencontrer.

http://eskouadgamma.eklablog.com/ collectifdeclowns@riseup.net